Quelques explications sur mon retour en France

Publié le par Emily

Ceux qui avaient l'habitude de venir consulter régulièrement ce blog ont du être surpris de le voir s'arrêter du jour au lendemain...Cela s'explique par mon retour un peu "précipité" en France.



Depuis 10 jours, on ne cesse de me demander les raisons de mon retour en France. Je vais profiter de ce blog pour ne pas à avoir à répéter la même histoire des dizaines de fois (ça sent la fille un peu blazée ça??? bah c'est pas faux...!)

Comme vous le savez, Lucie et moi avions trouvé un stage en informatique dans une boite près de New York. Tout semblait clean, nous devions aider à l'amélioration d'un logiciel qui permet d'étudier des séquences d'ADN.



Nous y allions assez confiantes puisqu'il s'agissait d'un contact d'un professeur, que nous avions bien discuté avec le patron de la boite avant d'arriver, et que j'avais même échangé des mails avec un stagiaire.
Cependant, il faut se méfier des apparences...




Voilà les faits...
Jeudi 20 mars 2008, nous arrivons à l'aéroport de JFK, où un gars de la boite vient nous chercher. Après une heure de route, nous arrivons à Ossining. Là, nous avons le droit à une petite visite de la boite. Et là première surprise, à 22h, il y a encore du monde au travail, pas un seul américain, juste des Coréens et des Hindoux...Avec Lucie, on se dit que les américains sont déjà rentrés se coucher et que les Coréens et les Hindoux sont des gens courageux qui ne comptent pas leurs heures...

A peine le temps de récupérer que nous nous rendons au travail le lendemain matin. Nous rencontrons la présidente et le patron de l'entreprise. Ils nous expliquent que nous allons commencer par nous ballader dans les différents services quelques jours pour bien comprendre le travail de l'entreprise (jusque là tout va bien) avant d'aller dans le service informatique.



Cependant, lors de cette réunion, plusieurs choses nous interpellent...
Tout d'abord, le patron nous demande si tous nos vaccins sont à jour...là on s'est demandées pourquoi il ne nous avait pas posé la question avant notre arrivée?
Deuxième chose: pour le visa, nous étions sponsorisées par un organisme agréé par l'état américain, AIPT, que l'on devait contacter si on avait des soucis avec l'entreprise...Dès notre première rencontre avec le boss, celui-ci nous apprend que des brésiliens sponsorisés par AIPT avaient décidé de quitter l'entreprise et qu'on avait failli ne pas avoir nos visas à cause de ça. Pourquoi avaient-ils quitté la boite? Nous avons compris pourquoi plus tard...Le patron nous fait comprendre de façon assez subtile qu'on n'a pas intérêt à faire pareil si on ne veut pas avoir de soucis...
Enfin, lors de cette rencontre, le patron nous déclare qu'il a des diplômes qui lui permettent de nous faire des ordonnances et que si on est malades il ne faut surtout pas aller voir le médecin, il s'occupera de nous...Etrange quand on pense que cet homme n'est pas médecin, et qu'il est patron d'une entreprise...




On devait nous laisser notre samedi pour récupérer du décalage horaire...Ce ne fut pas le cas. Qu'à cela ne tienne, nous allons au boulot, de toute façon nous savions que le travail était plus difficile aux Etats-Unis qu'en France...c'était le jeu (ma pauvre Lucette).
Nous nous rendons donc dans le département "pre-PCR" dans lequel l'ADN est extrait d'échantillons de sang ou de salive. Là, toujours pas d'américains. Encore une fois, que des Coréens et des Hindoux, très peu parlent anglais, donc nous avons du mal à trouver des gens pour nous expliquer ce que nous devons faire. C'est du travail à la chaine, tout le monde à un rôle bien défini. Nous n'avions pas grand chose à faire, vu que nous avons refusé de manipuler du sang. En effet, nous n'étions pas là pour ça, et l'hygiène nous faisait un peu peur. Par exemple, les filles devaient mettre des bonnets sur leur tête pour les cheveux, sauf qu'elles laissaient dépasser les cheveux pour faire joli...où est l'hygiène là-dedans???!!!!



Bref, la semaine passe, et Lucie et moi passions notre temps à...ne rien faire...Nous sommes donc allées voir les gars du service informatique pour savoir s'ils avaient du travail pour nous...et là on apprend qu'ils n'étaient pas au courant de notre arrivée, qu'il n'y a même pas de PC disponibles pour nous, et qu'ils ne savent vraiment pas ce qu'ils vont nous faire faire...



Premier jeudi : le boss organise une soirée pour ses 50 ans. Il invite tout le personnel de la boite. Il parait que c'est courant aux Etats-Unis. Sauf que là, dans la boite, la majeure partie des employés sont des filles coréennes ou hindoux entre 20 et 25 ans... Avec Lucie, on n'a pas trop envie d'y aller, surtout qu'on doit se lever le lendemain pour aller au boulot...On nous explique qu'il faut y aller, pour montrer le respect...
On essaye donc de se renseigner pour savoir comment il faut s'habiller...Et là, les réponses qu'on a eu ne nous ont pas rassurées...En effet, à chaque fois qu'on posait la question, on nous répondait qu'il fallait faire attention, que le boss n'était pas marié, et qu'il aimait bien les filles...On nous raconte comment il avait emmené certaines filles de la boite dans son appart à Manhattan, en nous faisant comprendre que ces filles-là n'avaient pas eu le choix...



On se rend quand même à la fête...Et durant la soirée, alors qu'on visitait la maison, le boss nous rejoint dans sa salle de bain (le genre de salle de bain qui fait 40 mètres carrés...). Et là, il veut nous prendre en photos dedans. Avec Lucie, on accepte d'en faire une sur laquelle on se contente de sourire niaisement. Mais notre coloc, complètement soumise, se sent obligée de se prêter au jeu de l'appareil photo, et le boss la prend en photos assise sur sa baignoire, en prenant soin de changer la couleur de la lumière pour faire des effets (la salle de bain hi-tech^^).

Là vous vous dites: mais elle délire c'est pas possible??? Ca existe que dans les films un truc pareil???!!! Moi aussi je croyais, et je peux vous assurer que tout ça n'est pas de la fiction...Mais c'est le genre de choses qu'on ne raconte pas sur son blog, alors que ses parents sont de l'autre côté de l'Atlantique et qu'ils le consultent tous les jours...



Le lendemain de cette soirée, c'est le fameux jour où on s'est pris la tête avec le boss (j'ai expliqué ça brièvement sur un précédent post). Etrange coïncidence...
Ce jour-là, on a eu le droit à "vous n'avez pas du tout la bonne attitude", "si vous continuez comme ça ça va pas le faire", "je vous paye, donc vous faites ce que je vous dis et rien d'autre"...Notre seule tort était de réclamer du travail dans notre domaine...
On a eu le droit suite à ça à un joli lavage de cerveau de la part de la directrice de la boite, qui nous a expliqué qu'on devait comprendre qu'on était de la merde, et qu'il fallait commencer au plus bas avant d'espérer être devant un ordinateur...
Suite à ça, les choses n'ont cessé de se dégrader, nous étions baladées de services en services, on se faisait engueuler constamment parce qu'on ne faisait jamais ce qu'il fallait...On nous donnait à faire de l'analyse d'ADN alors qu'on n'est pas du tout compétentes là-dedans...

En dehors du boulot, la boite agissait un peu comme une secte : on était complètement contrôlées, on n'était pas vraiment libres de faire ce qu'on souhaitait. Par exemple, Lucie et moi voulions nous acheter une voiture (c'est très facile là bas). Et bien le boss n'était pas d'accord donc on ne pouvait pas en acheter... Le week end on devait leur dire où on allait. Et pour faire les courses, un gars de la boite nous y emmenait, même si on voulait y aller seules, et attendait qu'on ait fini pour nous ramener...




Nous avons donc commencé à préparer notre retour en France, mais en cachette, car la boite nous logeait et si elle l'apprenait on se retrouvait sans toit. Ce fut une véritable évasion !!! Le midi on ne mangeait pas car il fallait donner des coups de fils en France, le soir on envoyait des mails et on préparait nos affaires pour rentrer...Le matin on se levait plus tôt en espérant recevoir l'accord de l'école pour arrêter ce "stage" (devrais-je dire cette mascarade??).



Et puis jeudi 3 avril, je reçois un mail de l'école exigeant notre retour : LA LIBERATION !!! Là, il a fallu partir vite de la maison avant que la boite vienne nous chercher (oui, parce qu'on habitait à à peine 10 minutes à pied de la boite, mais pour être sûrs qu'on aille au travail, ils venaient nous chercher à la maison...).
Nous avons donc pris un taxi pour Manhattan et sommes allées nous réfugier dans la famille de Lucie. Là, on ne pouvait pas quitter le territoire avant de régulariser notre cas. On a donc attendu l'accord de l'organisme qui s'occupait de notre visa pour changer les billets.
En attendant le départ, nous avons fait du shopping à New York, et visité quelques endroits incontournables que l'on n'avait pas encore vu.








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